De l’importance de l’accentuation des majuscules

Les accents sont apparus au XVI^e siècle dans la langue française dans le but de mieux marquer les sons. En effet, au fil de l’évolution de la langue, on s’est aperçu que le nombre de caractères de l’alphabet latin était insuffisant pour noter tous les sons du français, particulièrement les voyelles phonétiques (sons vocaliques). Pour pallier cela, des lettres diacritiques (lettres ajoutées aux mots pour indiquer comment se prononçaient les voyelles) ont été employées. Au XVI^e donc, certaines lettres diacritiques ont disparu au profit des accents, par exemple ê (estre est devenu être). Cependant, les lettres majuscules n’étaient pas accentuées. Cette absence peut aussi s’expliquer par des raisons plus techniques : les premières machines de typographie venaient d’Angleterre, pays où les accents n’ont pas cours. De plus, cela représentait un important gain de temps pour les typographes, réduisant le nombre de caractères à réaliser. Plus tard sont apparues les machines à écrire mécaniques qui en étaient aussi dépourvues. De plus, à l’école, nous avons tous appris que les majuscules ne s’accentuaient pas.

Aujourd’hui, avec les outils informatiques dont nous disposons, et devant la profusion des écrits, il est plus que conseillé de le faire afin de rendre la lecture plus compréhensible… et moins risible. Un « A » et un « À » n’ont vraiment pas la même fonction et peuvent changer tout le sens d’une phrase : « LE SKIPPER A LA BARRE... » Le « E » et le « É » sont de la même veine : « LES HARICOTS SONT TROP SALES. » Enfin, pour citer l’exemple de M. Jouette, dont j’apprécie tout particulièrement l’ouvrage Dictionnaire d’orthographe et d’expression écrite : « Certains établissements portent au-dessus de l’entrée “SALLE DES CONGRES”, on pourrait croire que c’est un entrepôt de poissons, alors que la salle est destinée à des congrès. » Avouons qu’au Salon de la poissonnerie, cela pourrait prêter à confusion !

À vos claviers !